Marathon de Marseille

Chaker, Killyan, Marie & Pierre...

Vous connaissez le conte traditionnel Cherokee intitulé « Les deux loups en nous » ? Non ? C’est une superbe histoire. Je suis sûr que vous allez l’adorer...

Mais avant de vous la conter je vais essayer de vous raconter au mieux, si vous le permettez, les merveilleux moments que nous avons passés lors du Marathon de Marseille en compagnie de l’association des Dunes d’Espoir.

Ce week-end c’était donc le Marathon de Marseille et notre ami Jack avait organisé, avec l’aide de la chambre départementale des huissiers, la participation de deux joelettes. La tache étant rude Jack avait fait en sorte que certains participants qui ne se sentaient pas de faire la totalité des 42km soient relayés au 25ème kilomètre.

Le rendez-vous était fixé à 6h30 dimanche matin tout en bas de la canebière sur le vieux port. Toute l’équipe des Dunes d’espoir et nos amis huissiers sont déjà au rendez-vous.

L’ambiance est déjà très bonne malgré la fraicheur. Ça nous rassure car il faut bien avouer qu’on a pas mal de pression en tant que novices. On a tout à découvrir. Tout d’abord la pression de courir son premier marathon et bien entendu la pression de réussir à accompagner les joëlettes jusqu’à la ligne d’arrivée.Un superbe double challenge!!

Notre premier pilote s’appelle Chaker. Il est déjà à fond dans la course. Comme toute l’équipe des Dunes il est jovial et met une ambiance du tonnerre. Les bus nous amèneront jusqu’à la ligne de départ située au petit port des Goudes, à la pointe sud de Marseille.

Il fait un peu frisquet. Le soleil ne compense pas encore la brise maritime.

Pendant le trajet j’ai noté que la route n’était pas aussi plate que je l’imaginais mais je me dis que si l’équipe des Dunes était capable de participer à des trails aussi techniques que la Galinette alors la route devait être une simple formalité pour eux. On verrait bien assez vite....

Une fois descendus des bus Cyril et Linda nous propose de tester à tour de rôle le guidage au poste arrière de la Joelette où Chaker s’est installé. On rigole bien mais très rapidement on se rend compte que ça n’est pas aussi simple que ça. Je suis aussi à l’aise qu’une poule qui a trouvé un couteau. Chaker, notre premier pilote, le remarque de suite et n’arrête pas de rire de mon incapacité à garder la joelette bien droite. Pousser n’est pas trop un souci mais pousser en gardant une assiette verticale (pour le confort du pilote) et horizontale (pour le confort des deux personnes qui tirent à l’avant) est pour moi tout un défi.

Pour être honnête je me sens nul sur le coup. Ça avait l’air super facile de voir Cyril la faire fonctionner quelques secondes auparavant. Je force constamment de mon bras « fort » pour remonter l’assiette mais souvent trop fort pour que mon bras le plus « faible » arrive à bloquer efficacement la « redescente » de l’autre côté. Et puis on se rend rapidement compte que ça n’est pas facile de courir sans l’aide du balancement des bras. Bref il va falloir apprendre à maitriser rapidement la « bête » car la centaine de mètres parcourus m’a demandé une énergie pas négligeable.

"Happiness only real when shared" [Christopher McCandless, Into the Wild]

Sur la ligne de départ l’ambiance est fabuleuse. Je ne suis pas la personne la plus exubérante du monde (doux euphémisme, je suis plutôt du style à entrer dans ma bulle sur une ligne de départ pour n’en ressortir que plusieurs kilomètres après) mais j’avoue qu’on est très vite gagné par la bonne humeur contagieuse de toute l’équipe habillée de jaune.

Malgré la fraîcheur on se sent bien et on est content d’être là. Ça réchauffe le cœur. Les deux joelettes sont prêtes.

Jack fait un superbe discours au micro du speaker pour présenter l’association des Dunes d’Espoir. La tension monte... Le décompte touche à sa fin et nous voilà partis juste derrière les Elites !

Je suis rapidement surpris par la vitesse du départ. Jack m’avait prévenu mais quand même je me pose des questions. Ils savent les « jaunes » qu’on part pour un marathon ? Aurai-je loupé une distribution de potion magique avant le départ?

C’est des fous furieux. Et le pire c’est que sous la houlette de Linda ils se mettent en plus de ça à chanter à tue-tête tout en poussant les deux joelettes. Assez irréel comme départ. Les premiers kilomètres se déroulent à un rythme de croisière que j’estime très élevé. J’essaie de filmer tant bien que mal tout en courant.

On est roues dans roues avec l’autre joelette et on rigole de nos tentatives avortées de dépasser au milieu de la foule encore dense à ce niveau de la course. Ça part dans tous les sens pour essayer de doubler et ça me fait terriblement penser au vieux dessin animé « Les fous du volant » avec Satanas et Diabolo (si vous avez moins de quarante ans demandez à Google).

La première petite cote arrive. La vitesse décroit. Ouf ! On va pouvoir souffler. Pas longtemps dans mon cas puisque Cyril me demande de prendre le relai sur la Joelette. Chaker le devine au balancement anormal de la Joelette, se retourne et éclate de rire en me voyant au commande. Ce qui me rassure c’est qu’il n’a pas l’air inquiet. Il est mort de rire et je ne sais pas si c’est juste une impression mais je jurerai qu’il en rajoute un peu en se tortillant de tout coté sur son siège.

On ne va pas se mentir je trouve cette première cote interminable, c’est dur. Cyril s’en rend compte et vient m’épauler. Ça fait du bien mais je me demande comment je vais tenir 40 bornes à ce rythme. C’est un départ éprouvant.

Mais bon, c’est un challenge collectif et il va falloir serrer les dents car pas question de les abandonner en route. Ce qui m’inquiète c’est que les chevilles, genoux et hanches prennent de sacrés chocs sur le bitume. Je pense que c’est surtout dû à mon manque de technique pour pousser la joelette. Je ne sais jamais trop si la hauteur de réglage des poignées de la joelette est bon ou pas pour moi. J’ai l’impression d’être en recherche permanente de la bonne façon de pousser l’engin avec la meilleure économie d’énergie possible.

Le physique fait des montagnes russes mais le moral reste relativement au beau fixe car, je ne sais pas si c’est l’expérience ou l’intuition (les deux ?), mais Chaker et Linda ont toujours le timing parfait pour relancer les chants quand on commence un peu à accuser le coup. Avec les Dunes on sent bien qu’on forme une équipe. On se sent porté. La solidarité nous donne des ailes.

Et puis quand le moral des troupes commencent à baisser il y a aussi les arrêts devant les groupes de musique. Le spectacle est galvanisant. Tout le monde saute dans tous les sens. Il faut voir Chaker secouer la joelette comme un possédé ! Il s’éclate. Ça fait plaisir à voir. C’est bon de partager ces grands moments.

Les kilomètres s’égrainent. Les jambes se font de plus en plus lourdes mais l’entraide est permanente. Les relais se font plus courts. On module la vitesse de la joelette quand quelques membres sont momentanément à la peine, on ne ménage pas nos encouragements les uns envers les autres. A n’en pas douter on vit de nombreux moments intenses en émotion.

Et puis parfois pendant quelques secondes on a vraiment l’impression d’être de véritables « Rock Stars ». La descente dans le vieux port en est un bon exemple. On est acclamé par des centaines de spectateurs. On est mort mais on accélère. C’est marrant la nature humaine parfois. C’est assez dingue comme sensation. Un mélange étonnant de fatigue et de fierté. Vraiment indescriptible.

En bas de la Canebière on arrive au 25ème kilomètre. C’est le changement prévu des pilotes. Le petit Pierre prend place sur le fauteuil. On enlace Chaker, on le retrouvera à l’arrivée. Ça fait super plaisir de voir les bouilles de nos amis Trailers Ricou & Gibou qui sont venus prêter main forte sur le parcours en compagnie d’Anne-Marie, la compagne de Jack. Et puis ça fait aussi très plaisir de renouveler un peu l’équipe car pour être honnête je sens qu’on commence à être un peu sur les rotules au bout de 25 kilomètres aussi intenses…

"Rien de grand dans ce monde n'est arrivé sans passion" [Hegel]

La remontée de la rue de Rome restera à jamais gravée dans ma mémoire. La descente du vieux port m’avait semblé grandiose mais là ça dépasse tout ce qu’on a vécu jusqu’à présent. Cette fois on n’est plus applaudi par des centaines de personnes mais par des milliers. La foule compacte des partants du 10 km hurle des encouragements tout le long de notre passage pendant des centaines de mètres. Jusqu’à l’obélisque de Castellane. Je n’ai jamais vécu ça. J’ai la chair de poule rien que d’y repenser. On oublie pendant quelques minutes la fatigue qui s’est installé. On redresse le torse (c’est con un mec hein ?) et on remonte la rue de Rome à vive allure. C’est simple on a l’impression de vivre un nouveau départ. Il faut dire que nos nouveaux coéquipiers ont une pêche d’enfer. Tant mieux !

Plus que trois fois cinq kilomètres à tenir. C’est plus facile que quinze kilomètres. Essayez, vous verrez…

On refait la boucle du parc Borely. On refait la montée de la Corniche. C’est la fatigue ou on dirait bien que le vent est beaucoup plus fort sur ce second passage ? Qu’importe « ça sent l’écurie » comme on dit souvent sur les trails. Chaque pas nous rapproche de la fin…

Plus que quelques kilomètres.... J’ai des enclumes à la place des mollets.

Je ne sais plus dire si les rares arrêts aux ravitos sont un bien ou un mal pour le corps. L’arrêt donne l’illusion pendant de brefs instants de faire du bien mais la relance est de plus en plus terrible pour les mollets. Cyril fait le même constat et sur un des derniers ravito il préfère trottiner dans tous les sens plutôt que de s’arrêter pour de bon. J’ai essayé, c’est une bonne tactique…

"Pour moi vivre ce n'est pas respirer, c'est avoir le souffle coupé" [Alfred Hitchcock]

Enfin arrive la ligne d’arrivée. Comment décrire ça ? Difficile de trouver des mots.

La foule hurle des encouragements. Tous les pilotes sont là, même ceux qui sont descendus au 25ème kilomètre.

Les autres coureurs qui ont pris le premier relais nous rejoignent. Je suis très fier de ma douce qui a réussi à terminer les 25km malgré des petits pépins physiques.

On arrive tous groupé. Le speaker nous annonce. Un grand moment d’émotion.

Cyril me propose de l’aider à porter notre jeune pilote jusqu’à la ligne d’arrivée. Superbe idée!! L’esprit est là mais j’ai beaucoup de mal à tenir. Plus de force dans les bras. La ligne d’arrivée semblait tellement proche pourtant !

On est submergé par une émotion incroyable. Je laisse échapper quelques larmes. Je savais bien que j’aurai dû prendre mes lunettes de soleil ;-)

C’est dans ces moments qu’on se surprend à se réconcilier avec l’humanité. On est sur un nuage. Les petits moments de bonheur tiennent parfois à peu de chose. Ce n’est pas toujours facile mais on se dit que parfois il suffit de regarder les choses de manière un peu plus positive.

Un peu comme dans le vieux conte cherokee des « Deux loups en nous » dont j’avais commencé à vous parler. Le voici. Je trouve que c’est une belle façon de terminer ce récit :

Un vieil indien enseigne la vie à son petit-fils : " En chacun de nous, il y a un combat intérieur. C’est un combat jusqu’à la mort et il se tient entre deux loups. Le premier est ténébreux.

Il est la colère, l’envie, l’avidité, l’arrogance, l’apitoiement sur soi-même, la culpabilité, le ressentiment, les mensonges et l’égoïsme. Le second est lumineux. Il est la joie, la paix, l’amour, la foi, l’espoir, la sérénité, l’humilité, la gentillesse, la bienveillance, l’empathie et la générosité."

Le petit-fils réfléchit pendant un long moment. Puis, il demande à son grand-père : " Quel est le loup qui gagne ?"

Le vieil homme sourit et lui répond : " Celui que tu nourris. "

Voilà, tout est dit. Merci aux Dunes d’Espoir. Tout au long de cette mémorable journée ils ont été la joie, la paix, l’amour, la foi, l’espoir, la sérénité, l’humilité, la gentillesse, la bienveillance, l’empathie et la générosité.

Je l’ai souvent dit et je le répète : Vous êtes des super héros, des vrais.

Un énorme merci à nos vaillants pilotes, merci aux huissiers qui se sont relayés avec les Dunes d’Espoir pour propulser nos pilotes et bien entendu, « the last but not the least », un énorme merci à Jack pour nous avoir fait vivre tous ses grands moments. C’était fabuleux Jack !

« Le meilleur moment pour planter un arbre était il y a 20 ans. Le deuxième meilleur moment est maintenant. » - proverbe chinois

Marc VALLEE

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